Je ne peux évidemment commencer ce discours sans une pensée pour deux anciens élus de la commune qui nous ont quittés récemment.
Monsieur Bernard Chaussoy fut maire de la commune pendant 37 ans. Trente sept années de projets. Trente sept années de commémorations également. Le 11 novembre 2021, il était à mes côtés pour venir déposer une gerbe au pied du monument aux morts de Rinxent. Il était ravi de pouvoir venir dans cette salle, boire un verre et échanger avec chacun d’entre vous.
Il était le dernier à repartir de cette cérémonie …
Monsieur Sylvain Béclin fut conseiller municipal et adjoint pendant 6 mandats. Des années à servir et accompagner les associations de notre commune. Sylvain Béclin était très investi, très apprécié et l’église pleine à craquer le 25 octobre dernier en est un bel exemple.
Pour ces deux personnes, mesdames et messieurs, je vous demande de respecter une minute de silence.
Merci.
Neuf millions de morts, six millions de mutilés … Meurtrière en tous points, portant en germe le second conflit mondial du XXème siècle, boucherie sans nom, la guerre 14-18 touche chaque famille en métropole comme dans l’ex-empire colonial. Cette guerre devait être courte, redonner l’espoir, l’espoir en la paix, en une paix définitive, puisque cette guerre devait être la « der des
ders » après quatre années atroces de sang et de larmes.
En ce vendredi 11 novembre 2022, partout en France, dans chaque ville, dans chaque village,
nous nous unissons de mémoire pour célébrer la liberté retrouvée au terme de quatre années terribles pour les soldats des 4 coins du monde engagés dans le conflit comme pour les civils de la même provenance.
En ce vendredi 11 novembre 2022, partout en France, les cloches des églises sonnent à toute volée afin de respecter le devoir de mémoire.
Aujourd’hui, à Rinxent, après presque cinq années de silence, nos cloches ont de nouveau tinté. Quel plaisir que de les entendre de nouveau. Elles vont donc de nouveau pouvoir rythmer nos journées en sonnant toutes les heures.
Un siècle et quatre années plus tard, en ce vendredi 11 novembre 2022, il n’y a plus de poilu pour témoigner de ce cataclysme et tout le travail de mémoire, de travail à la paix entre les nations demeure inlassablement à entretenir à l’heure où le conflit est réel à l’est du continent qui est le nôtre. Il nous reste les livres et les ouvrages d’histoire pour témoigner de la période. Je forme ici le vœu que le pouvoir des mots exerce encore une influence sur les esprits courageux pour œuvrer à la paix et à un continuel mieux vivre-ensemble, sans naïveté ou candeur aucune.
A l’image d’autres dates dans le calendrier, le 11-Novembre est donc devenu un jour de mémoire. Votre présence citoyenne témoigne, je l’espère, de votre attachement à cette commémoration de l’Armistice et je m’en réjouis. La France d’aujourd’hui ne peut et ne doit en effet pas oublier nos soldats d’alors comme ceux engagés un demi-siècle plus tard lors de la guerre d’indépendance avec l’Algérie. Embarqués souvent pour de longs mois de l’autre côté de la Méditerranée, nombre d’appelés inexpérimentés rejoignaient les diverses unités pour faire face à la barbarie également déployée dans les deux camps lors de ce conflit. Tel fut le cas de deux d’entre eux. Il s’agit d’Albert Defosse et Jean Joly.
- Monsieur Albert Defosse : incorporé le 4 septembre 1957 au 43ème R.I de Lille Citadelle, vous partez en Algérie le 20 novembre 1958. Vous êtes d’abord affecté à Oran, deuxième plus grande ville d’Algérie, située sur la côte nord-ouest puis à Sidi Bel Abbès, plus à l’intérieur des terres et non loin de Tlemcen. Par discrétion et humilité, vous n’avez pas souhaité épiloguer sur votre service militaire et nous respectons votre choix. Nous avons toutefois l’honneur de vous remettre cette médaille militaire au nom de votre engagement dans les forces du contingent de septembre 1957 à décembre 1959. Toutes nos félicitations.
- Monsieur Jean Joly : vous souscrivez fin décembre 1960 une note d’engagement de 3 ans au titre du 1 er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine (RPIM) et rejoignez Bayonne, quelques jours plus tard en 1961. En septembre de la même année, en partance de Port Vendres dans les Pyrénées Orientales, vous rejoignez le 3ème RPIM à Alger. Vous êtes nommé 1ère classe en 1962. Les Accords d’Evian sont signés en mars 1962 et vous revenez au pays, néanmoins en 1963. Déjà porteur d’une décoration commémorative AFN avec agrafe Algérie, nous avons aujourd’hui l’honneur de vous remettre une autre distinction : la médaille militaire. Toutes nos félicitations.
Parce que la paix ne dépend finalement que de nous, il convient d’enseigner aux jeunes générations qu’elle régresse quand se renforce la haine de l’autre, qu’elle s’affaiblit d’une compétition absurde entre les peuples et, pire encore, qu’elle disparaît quand la soif de vivre
ensemble et de construire un monde de fraternité et de progrès s’amenuise. Sachons au contraire, pour ne pas reproduire les erreurs, tirer les leçons du passé afin de construire un avenir meilleur. C’est pourquoi c’est toujours un plaisir pour moi que d’accueillir les enfants de notre commune, avec qui nous venons de déposer une gerbe. Merci à vous et merci à vos enseignants pour le travail effectué en classe au sujet de cette cérémonie.
C’est drôlement bien formulé ton invitation à la paix (copié ci-après); j’espère que le message aux enfants trouvera son chemin !
« Parce que la paix ne dépend finalement que de nous, il convient d’enseigner aux jeunes générations qu’elle régresse quand se renforce la haine de l’autre, qu’elle s’affaiblit d’une compétition absurde entre les peuples et, pire encore, qu’elle disparaît quand la soif de vivre ensemble et de construire un monde de fraternité et de progrès s’amenuise. Sachons au contraire, pour ne pas reproduire les erreurs, tirer les leçons du passé afin de construire un avenir meilleur. »