Mardi 18 septembre, 8 heures. Ma journée de maire commence par la désormais traditionnelle tournée des services. L’occasion de saluer le personnel et de prendre connaissance des dernières nouvelles.
Cette journée commence bien. La facture EDF qui vient d’arriver fait état d’une économie de 31 % par rapport à l’année précédente, à la même période. Notre action en faveur de la baisse de l’éclairage publique commence donc à porter ses fruits. S’il faut reconnaître que cette mesure n’était pas des plus populaires, force est de constater qu’elle permet des économies conséquentes. Ces 10 000 € seront bien plus utiles ailleurs. Ils devront nous permettre de payer nos factures plus rapidement et de maintenir les fondamentaux, toutes ces choses indispensables sur lesquelles aucune économie n’est possible.
Je retourne dans mon bureau, satisfait. Il y a des matins comme ça…
Le téléphone sonne. Je décroche. À l’accueil, on m’informe qu’une dame souhaite déposer une enveloppe à mon intention. Il s’agirait d’un don à la commune, que cette retraitée aimerait faire, en toute discrétion, suite à la lecture du dernier Petit Rinxentois. Je l’invite à venir me rejoindre.
Je découvre alors une petite dame charmante et tout sourire. Elle a lu le Petit Rinxentois. Elle est attristée d’apprendre la situation financière de la ville. C’est pourquoi elle souhaiterait faire un geste pour, dit-elle, « aider un peu ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas grand-chose vous savez, et ça me fait plaisir, pour vous, pour ma commune. »
Cette dame n’imagine pas à quel point son geste et ses paroles me réconfortent. Ainsi, la nécessité de nos mesures d’économies serait-elle comprise par la population ? Mieux, certains seraient même prêts à nous aider financièrement ! C’est incroyable.
Emporté par mon élan, j’ose lui demander la permission d’immortaliser ce moment. Et c’est ainsi que nous posons, elle et moi, heureux de nous comprendre, émus de constater combien cette société n’est pas si individualiste qu’on le dit, confiants dans le futur. Après l’avoir chaleureusement remerciée, je retourne à mon bureau, enchanté d’avoir l’occasion de faire de si jolies rencontres.
À nouveau, mon téléphone sonne. Je décroche, c’est le Crédit Agricole. Une autre bonne nouvelle ?
Et là, c’est la douche froide. J’apprends qu’il nous reste huit jours pour rembourser 80 000 €, correspondant à une ligne de trésorerie (emprunt à court terme), ouverte par la municipalité précédente début 2016, puis prolongée en 2017. Cette information ne nous avait jamais été communiquée, et avait malheureusement échappé à l’analyse — pourtant pointilleuse — du cabinet qui a mené l’audit. Hélas, nos finances ne nous permettent pas de rembourser cette somme. Nous devons donc payer dès à présent des intérêts moratoires, 253 € par mois, en pure perte.
J’ai parfois le sentiment de me trouver dans une gigantesque montagne russe depuis que je suis élu. Ainsi, le mois dernier, j’étais heureux de pouvoir vous annoncer que les finances, sans être au beau fixe, étaient en voie d’amélioration. Aujourd’hui, je m’interroge, cette nouvelle serait-elle de nature à compromettre nos objectifs ? Je réfléchis… Bien évidemment que non, et c’est heureux.
De quoi demain sera-t-il fait ?
En ce qui me concerne, une seule certitude : demain sera un autre jour…
Votre maire,
Nicolas Lœuillet